Tout commence par la décision de devenir photographe, prise un jour sans jamais avoir approché un appareil photo auparavant. J’ai 18 ans.
La photographie m’apparait comme mon seul moyen d’échapper au présent, de me remettre en mouvement, tenter d’exister et me permettre le futur. Le sillon ainsi creusé marque le chemin de mon existence, laisse cette trace pour tromper l’oubli et emprunter la voie de la liberté.

Portrait et nature morte constituent les fondations de mon écriture photographique.

Le portrait, premier amour, apparait comme l’inutile tentative de retenir le temps, le moyen de provoquer la rencontre qui me fuit, de lutter contre ma seule conversation.
La nature morte se met à table et plonge dans un univers de matières riches et savoureuses aux formes et couleurs infinies. Elle se positionne comme le terreau fertile de toutes les interrogations de notre époque.

A la croisée des chemins de ces deux pratiques, l’image du poisson apparait comme le symbole de l’émergence de la conscience, totem de ma quête. Il est la figure principale de l’autoportrait dans SELFISH ou bien le sublime modèle défunt, cadavre joli presque exquis dans de multiples « portraits du comestible ».